Equals - Drake Doremus

Réalisateur : Drake Doremus
Acteurs : Nicolas Hoult, Kristen Stewart
Date de sortie : 5 septembre 2016 (France)
Durée : 1h41

Résumé : Dans un monde où les sentiments sont considérés comme une maladie à éradiquer, Nia et Silas tombent éperdument amoureux. Pour survivre, ils devront cacher leur amour et résister ensemble.










Bande-annonce (VF) :


Mon avis : 
Tranquillement posée, j'ai pu facilement m'immerger dans l'univers que ce film dépeint. Nous sommes dans un monde post-apocalyptique, et depuis la "catastrophe" (qui ne sera jamais décrite), l'humanité a appris à évoluer. L'évolution ici, c'est de laisser de côté toute forme de sentiment. Et moi qui suis très empathique et très émotive, ça a eu au début quelque chose de dérangeant de ne rien voir dépasser de ce cadre aseptisé. La technologie est venue à bout du cancer et même du sida, et c'est de la même façon que les hommes chercher à éradiquer le SOS, le virus qui donne des sentiments. Car oui, ressentir est devenu une maladie.

On suit d'abord Silas, on pénètre avec lui sur son lieu de travail. Il montre son poignet pour pénétrer dans ce lieu, bip. Il ouvre sa table de travail, où il illustre les textes des narrateurs qui racontent la vie des hommes avant la grande catastrophe, bip. Ce fichu bip, on l'entend partout, tout le temps, pendant au moins la première demie heure du film. C'est franchement agaçant, mais l'effet recherché est atteint. J'ai eu l'impression de me trouver au cœur de ce monde qui veut tout contrôler, jusqu'à la vie de ses habitants. Le "manque" de sentiments influe sur beaucoup de choses. D'abord, tout le monde vit seul, puisque personne n'a besoin d'une présence pour être heureux. La notion du bonheur n'a même pas sa place, chacun doit être le plus efficace et le plus utile possible à la société. La première journée de Silas est donc assez monotone, sans vie, sans couleur. D'ailleurs, presque tout est blanc. A noter que les hommes et les femmes s'habillent à l'identique et que presque rien ne les différencie physiquement, peut-être une coupe de cheveux un poil plus longue, et ce genre uniforme est quelque chose que j'ai aimé.
Et puis survient un suicide sur le lieu de travail de Silas. C'est un homme atteint du SOS, désespéré, malheureux, incapable de se mouler dans ce cadre sans émotion, lui qui en déborde. Et le regard de Silas est attiré par l'attitude de Nia, une narratrice, il la voit avoir des émotions face à cet acte dont ils sont témoins... A partir de là, tout s'emballe pour Silas et bientôt, lui aussi est atteint du SOS.

J'ai adoré cette dystopie. Vraiment énormément. J'y ai vu aussi un parallèle avec l'homosexualité : peut-on vivre heureux dans une société où nos sentiments n'ont pas lieu d'être ? Peut-on vivre cachés ? En nous projetant dans un monde sans émotions, cela nous permet de regarder différemment notre propre société et la façon dont elle est construite, notamment le schéma si rassurant de la famille. En effet, ce schéma traditionnel n'a plus lieu d'être non plus dans ce monde, puisqu'on ne procrée que sur commande lorsque le gouvernement nous l'ordonne. Les enfants grandissent sans parents, mais avec des sortes de tuteurs d'après ce que j'en ai compris (ce n'est pas un point qui est vraiment explicité dans le film). Il permet aussi de nous rendre compte de l'importance des gens autour de nous, que nous ne pouvons vivre seul, que la société dont nous avons besoin est faite de liens entre les individus, de liens de cÅ“ur et pas seulement de travail ou d'utilité. 

L'esthétique de ce film, au départ assez étrange, est parfaite pour l'histoire à raconter. Je ne suis pas spécialiste de films, alors je ne vais pas m'y attarder, mais j'ai été sensible au traitement de la lumière, toujours très blanche, hormis quand Silas et Nia se retrouvent, comme pour les cacher. Les cadres aussi sont très bien exécutés pour montrer des détails aux spectateurs, notamment les émotions. 

Les personnages enfin, surtout celui de Silas, évoluent tout le long du film. Très belle prestation de Nicolas Hoult et Kristen Stewart. J'aime énormément le fait que Silas change au fur et à mesure que le SOS grandit en lui, ses expressions prennent le dessus et il n'arrive plus à faire semblant de ne rien ressentir. Au contraire, chez Nia, on voit vraiment qu'elle retient ses émotions et qu'elles les empêche d'apparaître.

Il n'y a pas beaucoup d'action, et d'ailleurs ce n'est pas quelque chose qui me dérange. Ce film tourne davantage à la réflexion. Et ça, c'est quelque chose que j'ai adoré.

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